Mise en garde du Giec sur les conséquences "irréversibles" du changement climatique
[16/11 - 15h08]
Le GIEC, lauréat du prix Nobel de la Paix
Alors
que les experts du Giec, prix Nobel de la paix 2007 avec Al Gore,
s'apprêtent à publier à Valence (Espagne), leur 4e rapport sur le
climat, le réchauffement a déjà fait apparaître une nouvelle catégorie
de victimes dans le monde: les réfugiés climatiques. Ils ne
figurent nulle part dans les registres des organisations
internationales chargées de protéger les droits et la dignité des plus
démunis car ils ne peuvent être classés parmi les réfugiés politiques. Mais
un groupe de photographes et journalistes français s'est intéressé à
leur cas - le collectif Argos, qui après quatre années de baroud à
travers le monde, du lac Tchad en voie d'assèchement, à l'Alaska en
plein dégel et jusqu'à l'archipel paradisiaque du Tuvalu menacé par la
montée du niveau de la mer, publie un livre sur "les réfugiés
climatiques". Les auteurs, qui se sont appuyés sur les rapports
du Groupe intergouvernemental d'experts sur le climat, se sont
focalisés sur neuf régions du monde, devenues quasiment invivables à
cause du changement climatique. "Notre
travail est de raconter les histoires que nous avons entendues et de
témoigner de ce que nous avons vu", déclare Guy-Pierre Chomette, un des
membres de ce groupe de 3 journalistes et 6 photographes, tous
freelance. "Les connaissances scientifiques étaient déjà là
quand nous avons commencé en 2004 mais nous voulions mettre l'accent
sur la dimension humaine du problème, spécialement en ce qui concerne
les plus vulnérables", ajoute-t-il. Les témoignages sont
poignants: il y a Mina, une Inupiak du petit village de Shishmaref en
Alaska, qui regarde les vagues détruire inexorablement sa maison à une
époque de l'année - au mois d'octobre - ou normalement l'océan devrait
être complètement gelé et dur comme roche. A l'autre bout du
monde, dans le delta du Bangladesh, oncle Mannnan et sa femme vivent
dans un taudis perché sur une digue et tentent de résister aux eaux
saûmatres qui remontent à l'intérieur des terres et ont déjà détruit
leurs champs de riz et leurs vaches. Selon le Giec, le
Bangladesh devrait perdre 10% de sa surface si le niveau de la mer
s'élève de 45 centimètres, une augmentation qui pourrait même être deux
fois plus importante d'ici la fin du siècle selon des études récentes. "Les
raisons susceptibles de forcer des populations à quitter les régions où
elles vivent actuellement, à devenir des 'réfugiés climatiques', sont
multiples", explique le climatologue français Jean Jouzel, dans une
introduction au livre. Jeffrey Sachs, directeur du "Earth
Institute" de l'université de Columbia de New York, évoque le cas du
Darfour, au Soudan, "une région qui a reçu un tiers de ses
précipitations habituelles au cours des 50 dernières années et où la
population a fortement augmenté dans le même temps, se retrouvant ainsi
coincée entre le manque d'eau et la croissance démographique". "On
va en voir beaucoup d'autres comme cela à l'avenir, parce qu'il y a
beaucoup de zones de conflits -potentiels ou réels- fragiles, pauvres,
particulièrement dans les régions désertiques, qui vont
vraisemblablement se retouver dans la ligne de feu du changement
climatique", indique-t-il à l'AFP.
Source : AFP
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