PARIS (AFP) — "Marcia baila", "C'est comme ça", "Andy", "Les histoires d'A"... La scène rock française a perdu une de ses figures après la mort du guitariste Fred Chichin, âme des Rita Mitsouko aux côtés de sa compagne Catherine Ringer, emporté mercredi par un cancer fulgurant à l'âge de 53 ans.
Fred Chichin est décédé dans la matinée dans un hôpital parisien des suites de cette maladie qui l'a emporté en deux mois, selon sa maison de disques Because et son tourneur Corida.
Son état de santé avait forcé les Rita Mitsouko à annuler plusieurs concerts ces jours derniers, dont l'un était prévu mercredi soir à L'Olympia.
Pour d'autres spectacles récents, comme celui du 13 novembre, déjà à L'Olympia, Catherine Ringer avait chanté sans Fred Chichin, simplement accompagnée du groupe de musiciens qui suivait le duo.
Le dernier album des Rita Mitsouko, "Variéty", est paru en avril.
Le duo fonctionnait largement sur le contraste entre les personnalités de Chichin, dandy dégingandé au visage barré d'une fine moustache ou d'une barbe de trois jours, et de la diva destroy Catherine Ringer, à la voix puissante, théâtrale et pleine de folie.
Les Rita Mitsouko ont connu leur apogée en 1986 avec leur deuxième album, "The No Comprendo", qui contenait les tubes "Les histoires d'A", "Andy" et "C'est comme ça".
Depuis ses débuts en 1979, le groupe s'est fait le chantre d'une musique métissée et extrêmement inventive, mêlant des influences rock, funk, punk, ska, sud-américaines, ainsi qu'un solide sens de l'humour.
Il avait connu un énorme succès en 1985 avec la sortie du single "Marcia baila", tiré de son premier album, paru l'année précédente. Ce morceau latino-rock écrit en hommage à la danseuse argentine Marcia Moretto, décédée d'un cancer, s'est vendu à plus d'un million d'exemplaires.
Né le 1er mai 1954 à Clichy, d'un père cadre et passionné de cinéma qui avait créé dans les années 60 la revue "Miroir du cinéma", Frédéric Chichin avait rencontré Catherine Ringer en 1979 lors du spectacle "Flash rouge".
Ils avaient d'abord appelé leur duo les Spratz, avant d'opter pour Rita Mitsouko. "Rita" avait été choisi pour ses consonances sud-américaines et "Mitsouko" signifie mystère en japonais.
Tous deux avaient ajouté "Les" devant "Rita Mitsouko" au milieu des années 80, car le public pensait souvent que ce nom était celui de la seule chanteuse.
Leur troisième album, "Marc et Robert", en 1988, avait déçu, malgré la présence du tube "Le petit train". Le suivant, "Système D" (avec "Y a d'la haine"), avait lui aussi reçu un accueil moyen en 1993. Entre les deux, les Rita avaient demandé à des DJ de remixer certaines de leurs chansons pour l'album "Re" en 1990.
Suivront alors l'album "Acoustique" en 1996, "Cool frénésie" en 2000, la compilation "Bestov" en 2001, "La femme trombone" en 2002 puis "En concert avec l'Orchestre Lamoureux" en 2004 (réinterprétation de leur répertoire en concert avec cet orchestre classique).
"Variéty", paru en deux versions, française (avec trois chansons en anglais) et intégralement anglaise, avait marqué une renaissance artistique pour les Rita et avait reçu un bon accueil critique.
Dans une interview au magazine Télérama, Chichin avait alors fustigé le paysage musical français, déplorant n'entendre que "très peu de choses spontanées, qui jaillissent d'une vision personnelle".
Dans plusieurs interviews, il avait également évoqué l'hépatite C dont il avait souffert il y a quelques années mais qui est sans rapport avec son décès, selon son entourage professionnel.