Réchauffement climatique: bientôt le père Noël en short ?
[11/12 - 15h19]
Un éleveur de rennes, le 30 novembre 2007 à Rovaniemi, en Laponie finlandaise
Si les prophéties climatiques les plus pessimistes se réalisent, le
père Noël finira en short dans un traîneau tiré par des chameaux: déjà,
le tourisme hivernal dans l'extrême nord de l'Europe se ressent du
réchauffement climatique.
Chaque année à la fin de l'automne, les habitants de Rovaniemi, en
Laponie finlandaise, élus, commerçants, agences touristiques, éleveurs
de rennes, scrutent le ciel dans l'espoir d'y lire les signes d'un
hiver blanc.
"Tout le secteur du tourisme est préoccupé", admet Jarmo Kariniemi,
propriétaire du "Santa Claus' Office" de Rovaniemi, où quelque 340.000
visiteurs par an, finlandais et étrangers, viennent rencontrer "le"
père Noël.
En ce début décembre, la cote d'enneigement atteint 20 centimètres,
tout juste suffisante pour lancer motoneiges et traîneaux. Mais les
rivières et les lacs, qui servent de terrains de jeu en hiver, ne sont
toujours pas pris dans les glaces.
Les enjeux sont importants. Le tourisme génère 200 millions d'euros de
recettes directes et indirectes en Laponie finlandaise, dont 60% en
hiver, une manne pour cette région frappée par l'exode rural et le
chômage.
"La saison touristique hivernale dans les pays nordiques va continuer
de raccourcir de façon spectaculaire et rapide", prévient le
climatologue Heikki Tuomenvirta.
Les températures moyennes en Finlande augmenteront de 3 à 6 degrés
Celsius en hiver d'ici 2050, et de 4 à 8 degrés en 2080. La moyenne à
Rovaniemi passerait de -15°C en janvier à -8°C.
"Les précipitations hivernales vont augmenter, neige et pluie
confondue. Et puis la pluie prendra le pas", faisant mécaniquement
rétrécir le manteau de neige qui recouvre généralement les immensités
lapones entre novembre et avril, estime le chercheur.
Déjà, des communes plus septentrionales que Rovaniemi exploitent les
premiers effets du réchauffement pour attirer les touristes.
"L'enneigement varie d'année en année à Rovaniemi alors qu'ici la neige
est garantie", affirme ainsi Carina Winnebäck, gérante d'hôtel à
Enontekiö. Ce village de 2.000 âmes situé à trois heures de route au
nord de Rovaniemi a convaincu des tour-opérateurs britanniques d'y
faire atterrir leurs charters.
Si le réchauffement présente des avantages à court terme - diminution
des besoins en énergie, hausse du rendement agricole, allongement du
tourisme estival - à long terme les conséquences pour la faune, la
flore et les populations locales s'annoncent dramatiques.
L'élevage de rennes, activité traditionnelle et principale ressource
des 70.000 Sâmes (Lapons), peuple autochtone des pays nordiques et de
la péninsule de Kola en Russie, est très exposé.
"L'an dernier dans le nord de la Russie, les températures sont passées
brutalement de -28 à 0. Il neigeait, puis il pleuvait, puis le mercure
est descendu sous les 40°. On avait une couche de neige, une couche de
glace, une couche de neige, une couche de glace. Les rennes ne peuvent
pas atteindre le lichen, leur nourriture de base, et sans fourrage, ils
meurent de faim", explique Bruce Forbes, biogéographe à l'Institut
arctique de Rovaniemi.
Pour Sami Rusimäki, comme pour les 7.000 propriétaires de rennes en
Finlande (220.000 têtes), les conditions sont de plus en plus précaires.
"Quand il ne pleut pas, il n'y a pas de champignons et les rennes sont
incapables de constituer leur graisse avant l'hiver. Puis le lichen
disparaît sous la glace. Il faut les nourrir aux granulés ou au foin,
et tirer de l'eau de la maison. Ce n'est plus rentable", dit-il.
Source : AFP
Un éleveur de rennes, le 30 novembre 2007 à Rovaniemi, en Laponie finlandaise
Si les prophéties climatiques les plus pessimistes se réalisent, le
père Noël finira en short dans un traîneau tiré par des chameaux: déjà,
le tourisme hivernal dans l'extrême nord de l'Europe se ressent du
réchauffement climatique.
Chaque année à la fin de l'automne, les habitants de Rovaniemi, en
Laponie finlandaise, élus, commerçants, agences touristiques, éleveurs
de rennes, scrutent le ciel dans l'espoir d'y lire les signes d'un
hiver blanc.
"Tout le secteur du tourisme est préoccupé", admet Jarmo Kariniemi,
propriétaire du "Santa Claus' Office" de Rovaniemi, où quelque 340.000
visiteurs par an, finlandais et étrangers, viennent rencontrer "le"
père Noël.
En ce début décembre, la cote d'enneigement atteint 20 centimètres,
tout juste suffisante pour lancer motoneiges et traîneaux. Mais les
rivières et les lacs, qui servent de terrains de jeu en hiver, ne sont
toujours pas pris dans les glaces.
Les enjeux sont importants. Le tourisme génère 200 millions d'euros de
recettes directes et indirectes en Laponie finlandaise, dont 60% en
hiver, une manne pour cette région frappée par l'exode rural et le
chômage.
"La saison touristique hivernale dans les pays nordiques va continuer
de raccourcir de façon spectaculaire et rapide", prévient le
climatologue Heikki Tuomenvirta.
Les températures moyennes en Finlande augmenteront de 3 à 6 degrés
Celsius en hiver d'ici 2050, et de 4 à 8 degrés en 2080. La moyenne à
Rovaniemi passerait de -15°C en janvier à -8°C.
"Les précipitations hivernales vont augmenter, neige et pluie
confondue. Et puis la pluie prendra le pas", faisant mécaniquement
rétrécir le manteau de neige qui recouvre généralement les immensités
lapones entre novembre et avril, estime le chercheur.
Déjà, des communes plus septentrionales que Rovaniemi exploitent les
premiers effets du réchauffement pour attirer les touristes.
"L'enneigement varie d'année en année à Rovaniemi alors qu'ici la neige
est garantie", affirme ainsi Carina Winnebäck, gérante d'hôtel à
Enontekiö. Ce village de 2.000 âmes situé à trois heures de route au
nord de Rovaniemi a convaincu des tour-opérateurs britanniques d'y
faire atterrir leurs charters.
Si le réchauffement présente des avantages à court terme - diminution
des besoins en énergie, hausse du rendement agricole, allongement du
tourisme estival - à long terme les conséquences pour la faune, la
flore et les populations locales s'annoncent dramatiques.
L'élevage de rennes, activité traditionnelle et principale ressource
des 70.000 Sâmes (Lapons), peuple autochtone des pays nordiques et de
la péninsule de Kola en Russie, est très exposé.
"L'an dernier dans le nord de la Russie, les températures sont passées
brutalement de -28 à 0. Il neigeait, puis il pleuvait, puis le mercure
est descendu sous les 40°. On avait une couche de neige, une couche de
glace, une couche de neige, une couche de glace. Les rennes ne peuvent
pas atteindre le lichen, leur nourriture de base, et sans fourrage, ils
meurent de faim", explique Bruce Forbes, biogéographe à l'Institut
arctique de Rovaniemi.
Pour Sami Rusimäki, comme pour les 7.000 propriétaires de rennes en
Finlande (220.000 têtes), les conditions sont de plus en plus précaires.
"Quand il ne pleut pas, il n'y a pas de champignons et les rennes sont
incapables de constituer leur graisse avant l'hiver. Puis le lichen
disparaît sous la glace. Il faut les nourrir aux granulés ou au foin,
et tirer de l'eau de la maison. Ce n'est plus rentable", dit-il.