L'armée colombienne libère Ingrid Betancourt et trois otages Américains03/07/2008 05h29 Ingrid Betancourt (d) embrasse sa mère Yolanda Pulecio à son arrivée à Bogota, le 2 juillet 2008
BOGOTA (AFP) - L'armée colombienne a libéré mercredi dans le sud-est de la Colombie l'otage franco-colombienne Ingrid Betancourt, trois Américains et onze militaires colombiens détenus par la guérilla des Farc, lors d'une opération d'infiltration soigneusement planifiée.
Les otages, dont Ingrid Betancourt détenue depuis plus de six ans par les rebelles et les Américains Marc Gonsalves, Thomas Howes et Keith Stansell, ont été libérés au cours d'une opération héliportée de l'armée, a annoncé le ministre colombien de la Défense Juan Manuel Santos au cours d'une conférence de presse improvisée.
Onze militaires colombiens, principalement des officiers, ont également pu retrouver la liberté dans cette opération menée dans la province du Guaviare, dans le sud-est de la Colombie, selon le ministre. "Jamais nous n'avons improvisé" a déclaré mercredi soir dans un discours à la nation le président colombien Alvaro Uribe qui a salué "le travail magnifique des militaires".
Ingrid Betancourt accueillie par Alvaro Uribe le 2 juillet 2008 à Bogota
"Je remercie le président Uribe d'avoir pris ce risque, je sais que cela a du être un moment très difficile parce que l'opération était très risquée mais elle s'est déroulée de manière impeccable", a affirmé quelques heures après avoir recouvré la liberté Ingrid Betancourt.
Ingrid Betancourt, souriante et vêtue d'un treillis militaire, ses longs cheuveux noués sur la nuque, est descendue la première de l'avion qui l'a amenée à Bogota et s'est jetée dans les bras de sa mère, Yolanda Pulecio, puis dans ceux de son mari, Juan Carlos Lecompte.
Le ministre colombien de la Défense, Juan Manuel Santos, qui était présent sur l'aéroport, a souligné que cette "opération était digne d'un film". Puis le commandant des forces militaires Fredy Padilla a dans un discours public rendu hommage à l'armée, précisant qu'au cours de cette opération de libération "il n'y a pas eu un seul tir, pas un seul blessé". "Les otages ont été libérés lors d'une opération de l'armée au cours de laquelle il a été possible d'infiltrer le premier cercle des Forces armées révolutionnaires de Colombie (Farc), celui qui a surveillé pendant les dernières années un important groupe d'otages", a expliqué M. Santos.
Libération d'Ingrid Betancourt
Comme les otages séquestrés étaient divisés en trois groupes, l'armée, invoquant grâce à ses agents infiltrés parmi les geôliers guérilleros un faux ordre d'Alfonso Cano, le nouveau chef des Farc, a obtenu que les otages soient regroupés "soi-disant toujours sur ordre de Cano" par leurs gardiens dans un lieu du sud du pays, selon le ministre.
"Puis un hélicoptère qui, en réalité, appartenait à l'armée nationale et avait à son bord des membres des services secrets, a libéré les otages dans le lieu de regroupement", a précisé M. Santos. "César", le chef des geôliers rebelles, et un autre guérillero qui se trouvaient dans l'hélicoptère, ont été immédiatement "neutralisés", a poursuivi M. Santos.
Le ministre a également révéle mercredi soir qu'un "plan B" de rechange qui consistait à encercler les Farc sans les combattre et à faire venir des organisations humanitaires pour négocier les libérations, était prévu en cas d'échec. Les trois Américains sont déjà "en train de voler vers les Etats-Unis pour retrouver leurs proches" sans escale à Bogota, a conclu M. Santos.
Mélanie et Lorenzo Delloye le 2 juin 2008 à l'Elysée
Le président français Nicolas Sarkozy qui venait "de s'entretenir longuement" avec son homologue colombien Alvaro Uribe, l'a remercié pour cette "opération militaire couronnée de succès", M. Sarkozy a appelé la guérilla des Forces armées révolutionnaires de Colombie (Farc) à cesser "ce combat absurde et moyenâgeux". Il a également réaffirmé mercredi soir que la France était prête à accueillir les membres des Farc acceptant de renoncer à la lutte armée.
Parmi les premières réactions des familles, Lorenzo Delloye, le fils d'Ingrid Betancourt, 46 ans, ex-candidate écologiste à la présidence de la Colombie, s'est exclamé en apprenant à Paris la nouvelle: "C'est une immense joie, une joie indescriptible. je n'arrive pas à y croire".
Depuis Washington, le président George W. Bush a a
ppelé son homologue colombien pour le féliciter et le remercier après la libération des 15 otages, dont les trois Américains, a annoncé la Maison Blanche.
Les trois otages américains, des sous-traitants recrutés par la département de la Défense, se trouvaient en mission de lutte contre la drogue à bord d'un avion du Commandement sud des Etats-Unis, qui a dû se poser à la suite d'une défaillance mécanique dans une zone contrôlée par les Farc, le 13 février 2003, où ils ont été capturés par les rebelles.
A Madrid, le gouvernement a exprimé son "énorme satisfaction" à la suite de l'annonce de ces libérations. A Caracas, le gouvernement vénézuélien d'Hugo Chavez s'est "réjoui" de la libération des otages et a demandé aux Farc de libérer toutes les personnes qu'elles détiennent.
Premières déclarations d'Ingrid Betancourt.